Interstellar, le dernier film de Christopher Nolan est un long-métrage qui traite de la folie d'un homme dans un contexte socio-politique complexe. Montrant du doigt les conditions de travail difficiles auxquelles sont soumises les fermiers et dénonçant ainsi la pression sous laquelle cette classe sociale est amenée à travailler. Tout cela sous couvert d'une ambiance SF.
L'histoire met en scène le fermier Cooper et ses enfants qui ont de plus en plus de mal à produire les quantités suffisantes de nourriture qui leurs sont demandés. L'Etat leur demandant toujours de produire plus, ce fermier se voit obligé de quitter son terrain pour espérer trouver une zone plus fertile permettant de rembourser les prêts énormes qu'il a du engendrer auprès de grande multinationale tel que Monsanto. Bien sûr l'idée de quitter ses terres est un calvaire pour lui et c'est là que l'on commence à entrer dans la folie du personnage.
Cette image du champs de Cooper nous montre bien que ses reserves de maïs sont suffisantes
Ainsi afin de trouver le courage de quitter son ancien champs, il s'imagine être l'ancien meilleur pilote de la NASA et qu'il est leur dernier recours pour la survie de l'humanité s'il ne trouve pas une nouvelle planète à coloniser. Il s'auto attribue alors le grand titre de Fermier de l'Espace. Ainsi dans son délire de psychopathe il s'imagine que le nouveau terrain dont il a besoin pour son maïs est en fait la nouvelle terre promise pour les habitants affamés de notre planète.
On vous aurait bien expliquer les formules sur ce tableau mais personne n'aurait rien pigé
La suite du film est alors une introspection du personnage mise en scène par un voyage cosmique qui arriverait presque à nous faire croire que cette hallucination est la réalité. Bien sûr les spectateurs aguerris remarqueront les incohérences de ce délire et leur permettront de comprendre que tout ceci n'est que métaphorique. Comment autrement expliquer que le sois-disant meilleur pilote de la NASA ne sache pas pourquoi les trous noirs sont noirs, ce que sont les trous de verre, et pourquoi lorsque tout devient un peu trop compliqué plus aucune explication n'est donnée. Tout simplement parce que notre Fermier de l'Espace n'est qu'un sale péquenaud de cul terreux de merde perdu dans la pampa de sa psychose hallucinatoire.
Ici la représentation de l'âme de Cooper
Là où cela devient très intéressant, c'est que la représentation du trou noir (qui a fait couler beaucoup d'encre) n'est en réalité que la mise en image de l'âme de notre Péquenaud de l'Espace. Il est clair que s'il arrive à plonger au coeur de son âme il sera mis face à son délire et s'autodétruira mais il sait aussi que s'il ne tente pas d'y engouffrer il ne se rendra jamais compte de son alliénation et ne pourra alors pas trouver le chemin de la rédemption. Il s'imagine alors qu'au coeur de se trou noir se trouve les données quantiques nécessaires pour sauver l'humanité et ainsi trouver, encore une fois, le courage d'avancer. Voilà pourquoi Cooper s'éjecte de son vaisseau avant de franchir la singularité car il sait que le trou noir le tuerait tout comme le ferait le coeur de son âme s'il y accédait. Probablement grâce à son subconscient matérialisé par des messages que lui enverrai sa fille qui le met en garde face au danger.
Chaque face d'un tesseract est un cube, allez savoir...
Nolan a donc fait ici le choix très intéressant de choisir un tesseract pour représenter les frontières de l'âme du héros en se reposant sur les études de Charles Howard Hinton. Objet géométrique ambigu, le tesseract (aussi appelé hypercube) est un cube en 4 dimensions. Impossible donc pour un homme comme vous et moi de se représenter un tel objet. Et c'est ça qui est bon. La folie étant une chose incompréhensible et impossible à rationaliser quoi de mieux que de représenter l'âme de notre héro atteint de déséquilibre mental par ce tesseract. Perdant ainsi tout repère au coeur de son délire, le spectateur se retrouve lui aussi face à la folie de notre héros. Si vous n'avez pas compris cette scène c'était justement une volonté du réalisateur de montrer que la folie est quelque chose d'incompréhensible.
"Bonjour, ici ton papa du futur. Tout va bien et il fait très beau. Ci-joint quelques données quantique"
Nous avons donc ici une oeuvre métaphorique de grande envergure qui illustre la folie de l'homme par un voyage cosmique anxiogène au fin fond de l'être, saupoudré par des phénomènes scientifiques cohérents.
Enfin je crois.
Vous pouvez retrouver ma critique sur SensCritique, c'est pareil mais sans les images, ca donne envie, hein ?